Los Angeles, États-Unis : « Elle a tout pour être la ville cycliste par excellence »
01.07.2023 | Dans les rues de ...
Les choses changent à Hollywood. Les vélos Cargo se font encore rares à LA, mais une petite communauté découvre le plaisir de ne plus être coincée dans les embouteillages. Parmi les précurseurs : Michael Schneider et son Load 75.
Bonjour Michael, vous vous êtes récemment rendu à l’aéroport international de Los Angeles, LAX, sur un vélo Cargo, avec vos bagages et vos trois enfants. Quelle en fut votre expérience ?
Tout s’est bien passé. Les enfants n’ont pas bronché et n’ont pas eu la nausée comme cela peut arriver en voiture, et mon petit de 2 ans a même fait la sieste pendant le trajet. Nous étions au grand air et avons pu faire un peu d’exercice avant de prendre l’avion. C’était juste parfait.
Combien de temps le trajet a-t-il duré ?
Un peu moins d’une heure, de porte-à-porte. Nous vivons près de West Hollywood. En voiture, le trajet aurait été plus court de 15 minutes, mais une fois arrivés à l’aéroport, nous les aurions perdues dans les embouteillages des terminaux.
Ce trajet avec les enfants, les bagages et les valises semble plutôt compliqué. Quel était votre état d’esprit ?
C’était un projet ambitieux, certes. Mes trois enfants étaient à l’avant du Load 75, et à l’arrière, j’avais une remorque Burley, avec une grosse valise et un siège auto sanglé dessus. J’ai eu un peu de mal à tout disposer, mais rien d’impossible. Ma femme avait son propre E-Bike, également équipé d’une remorque pour transporter son bagage cabine. Une fois arrivés à l’aéroport, ça nous a pris un peu de temps à tout enlever et fixer les vélos et les remorques. J’avais également acheté une bâche. Le vol n’est pas un sujet préoccupant à l’aéroport de LA. Il s’agissait plutôt de protéger notre équipement de la poussière et des saletés. Le terminal 6 dispose d’un parking 2-roues couvert, qui a le gros avantage d’être totalement gratuit !
Pourquoi ne pas y être allé en voiture ?
Je suis né et j’ai grandi à Los Angeles. D’aussi loin que je me rappelle, on m’a toujours fait comprendre qu’il fallait impérativement une voiture pour se déplacer. Ça fait partie de la culture locale. C’est aussi ce que j’ai cru pendant des années. J’ai honte, mais je prenais ma voiture pour aller à la supérette, deux rues plus loin, et me plaignais de ne pas trouver une place pour me garer. Puis, il y a 10 ans, tout a changé.
Que s’est-il passé ?
Plusieurs raisons m’ont poussé à ressortir un vieux vélo. Je voulais vérifier si je pouvais me déplacer à vélo, juste une semaine, sans risquer ma vie. Dès la deuxième journée, j’étais déjà accro aux sensations physiques et mentales procurées par la pratique du vélo. Finis les embouteillages, le temps perdu à chercher une place de stationnement, soit les deux plus grandes plaintes des gens qui vivent ici. Au bout d’un an, je ne me déplaçais plus qu’à vélo. Une véritable transformation.
À votre avis, pourquoi si peu de personnes utilisent un vélo pour se déplacer à LA ?
À cause de l’infrastructure. Des pistes cyclables plus sûres et un peu d’imagination pourraient facilement faire de Los Angeles un paradis du vélo ! La météo est idéale, la ville est relativement plate, et les déplacements en voiture se limitent généralement à moins de 5 km. La seule chose qui manque est une infrastructure afin que les gens ne craignent pas de risquer leur vie à chaque fois qu’ils se déplacent à vélo.
Pourquoi avoir choisi le Load 75 ?
J’ai trois enfants, donc j’avais besoin d’une grande box, et la limite de 32 km/h sur les vélos de classe 1 était trop lente pour moi. Enfin, les pavés de LA laissent à désirer. J’ai donc commencé à étudier les vélos Cargo de classe 3, dotés d’une suspension, pour constater qu’il n’y en avait qu’un capable de répondre à toutes mes attentes : le Load 75. Après un essai de 5 minutes, j’étais déjà sous le charme : c’était exactement ce que je recherchais. C’est un engin phénoménal.
Les personnes utilisant des vélos Cargo se sont-elles fédérées ?
À LA, il existe un groupe appelé « LA Families Bike », constitué de familles qui utilisent des vélos Cargo électriques. Malheureusement, il compte peu de membres qui sont assez dispersés géographiquement. En sortant mon Load à LA, j’ai l’impression d’être une célébrité. Peu de gens connaissent ce type de vélo, et beaucoup s’arrêtent et me posent des questions. Certains me demandent son prix, et parfois ils me répondent : Autant pour un vélo ? Mais quand je leur explique qu’il a remplacé ma voiture, et que je leur demande de calculer combien leur coûte réellement leur voiture en comptant l’achat, le carburant, l’assurance, le parking et les autres frais, mon vélo leur semble finalement être une bonne affaire. Toutefois, les mentalités doivent changer à Los Angeles : les vélos ne sont toujours pas considérés comme une véritable solution de transport. Pour moi, c’est de loin la meilleure option. Je ne suis jamais dans les embouteillages, le stationnement est simple et gratuit, et j’y prends du plaisir !
Vous avez trouvé un comité d’action politique appelé Streets For All. Que peut-on faire en tant qu’individu pour sensibiliser aux vélos ?
Nous rejoindre, s’engager politiquement. J’ai été élu au comité de ma zone, et je préside notre comité des transports et du développement durable, ce qui me donne un peu d’influence au sein de mon quartier. J’ai également rejoint le comité consultatif sur le cyclisme de Los Angeles, et je suis membre du Sustainability Council of Metro, l’agence de transport de notre comté qui gère les bus et les trains. Mais Street For All reste mon engagement le plus fort. J’ai l’opportunité de travailler avec des personnes exceptionnelles, qui sont convaincues que les rues de LA devraient être sûres pour tous les modes de transport.
Voitures comprises ?
Nous ne sommes pas contre la voiture. Il y en a d’ailleurs une sur notre logo. Mais nous estimons que la voiture ne devrait pas occuper 99 % de l’espace, comme c’est le cas aujourd’hui, et nous pensons qu’il devrait être possible de faire du vélo sans avoir peur pour sa vie. Les voitures ont détruit les villes. Je suis presque devenu allergique à la voiture, sauf pour les grandes distances. Pour une grande majorité des déplacements, le vélo reste la meilleure option à Los Angeles. Nous avons juste besoin d’une infrastructure qui permette d’exploiter ce potentiel, et nous serons à la hauteur de villes comme à Amsterdam, Copenhague, Berlin, Bogota ou Londres.
Merci pour cet entretien Michael.
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Streets For All est une organisation politique qui s’engage pour une meilleure infrastructure et qui repense la mobilité à LA. De nombreuses initiatives et campagnes visent à améliorer le transport pour tous les modes. Ses activités comprennent l’amélioration des quartiers pour créer des voies protégées pour les bus et les vélos, mais aussi l’élaboration d’une législation applicable dans tout l’État.
Plus d’informations : streetsforall.org